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Habib Maïga revient sur son arrivée à l’ASSE

L’ancien stéphanois, Habib Maïga, s’est confié récemment dans le quotidien Libération au sujet de son arrivée à l’ASSE en provenance de son pays natal, la Côte d’Ivoire. Le milieu défensif de 24 ans revient sur son acclimatation, ses objectifs de l’époque mais aussi sur l’apport de Laurent Batlles lors de sa terrible blessure avec la réserve en août 2015. Extraits.

Obtenir un contrat

« Quand j’ai débarqué à Saint-Étienne depuis la Côte d’Ivoire pour mon stage de deux semaines, la pression sur moi était énorme. Tu sais dans quelle galère tu as laissé ta famille. Il te faut un contrat coûte que coûte : un contrat pro, un contrat stagiaire mais un contrat de toute façon. Vous n’imaginez pas à quel point c’est difficile. Je suis venu à Paris en avion, j’ai pris le train tout seul pour Saint-Étienne et je n’avais pas la carte SIM pour appeler chez moi, pas de connexion. Quand je suis passé à côté du stade Geoffroy-Guichard en arrivant… Je l’avais vu à la télé mais là… Je parle de pression mais elle n’était pas négative pour autant. »

Beaucoup de solidarité

« C’était simple, clair : j’étais face à mon destin et c’était le moment de donner tout ce qu’il était possible de donner. Le froid n’a pas été simple à appréhender, tu passes du foot par 25 degrés l’hiver au foot par -2 degrés et tu as mal aux pieds mais pour autant, tu savoures, tu vis pleinement. Je n’étais pas surpris. Sur ces deux semaines, il n’y avait pas grand monde en stage et je me suis lié avec Hassim Traoré, un Burkinabé, ou encore Erin Pinheiro, qui venait du Cap-Vert. C’est après que j’ai retrouvé des ivoiriens comme Axel Kacou, par exemple : j’ai bénéficié de beaucoup de solidarité, j’avais l’impression d’être rien de moins qu’un frère. On t’explique les codes. Être à l’heure au petit-déj’, saluer tout le monde, montrer du respect : une bonne base, des axes de conduite qui t’ouvrent les portes de n’importe quel vestiaire parce que les gens sont gentils en retour. Si tu n’en fais qu’à ta tête et que tu t’en fous… »

Jouer son jeu dans de meilleurs conditions

« Quelque chose m’a fait drôle à mon arrivée en France : le ballon fuse. Car les terrains sont bons. Pas comme en Côte d’Ivoire où ils sont bosselés et où ça va lentement : là, j’ai eu une impression de vitesse. Y compris collective, avec deux ou trois joueurs qui te « cadrent » en un clin d’œil. Là, j’en rigole mais sur le coup… À Saint-Étienne, on m’a demandé de faire simple. Tu assimiles les exercices que l’on te propose le plus rapidement possible et tu ne sors pas de ton registre : un défenseur gagne ses duels, un milieu défensif comme moi gratte les ballons dans les pieds de l’adversaire… Tu peux progresser sur le reste : un défenseur peut et doit travailler sur sa relance, par exemple. Mais tu ne le sors pas en match tant que ce n’est pas acquis et maîtrisé. »

Grosse blessure et contrat amateur

« Août 2015 : il me reste un an de contrat stagiaire, l’entraîneur de la réserve stéphanoise Laurent Batlles a fait de moi son capitaine et je me fais une fracture aux cervicales lors du dernier match amical avant la saison. Après les radios, le verdict tombe : saison blanche. Terminée. Bien sûr que tu doutes : fin de contrat, rien derrière et des pépins physiques qui ne m’ont pas permis avant ça de montrer des qualités, ou pas autant que… Bref. Mais le club a été bien. Ils ont en quelque sorte reconnu que je n’avais pas pu m’exprimer et ils m’ont proposé un contrat amateur : pas de salaire et le chômage pour vivre, 700 euros mensuels, ou 800, ou 900, avec ton loyer, les charges et les sous que tu envoies chez toi. Là, il a fallu être entouré des bonnes personnes. Mon agent, Aboubakar Koné, parce qu’un agent doit être là dans ces moments-là. Et Batlles, qui m’a redonné la joie de jouer et même la joie de vivre. Je n’exagère pas. On évoquait la souffrance, les galères. J’ai senti qu’il savait. Le contrat amateur a été cassé au bout de quatre mois. C’était un contrat pro qui m’attendait derrière. »

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